L’Histoire de Notre Église, par Claudine DICTUS
“Parce que tu as fait cela, et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te bénirai” Genèse 22.15-16
Notre église locale a été fondée par le pasteur Robert Morel. Il est né le 15 Janvier 1903, dans la banlieue du Havre. Lors de son adolescence, sa mère et sa sœur étaient membres de l’église évangélique Baptiste au 2 rue Dauphine, dans le Quartier Saint François au Havre. Il allait de temps en temps au culte et participait aux fêtes de Noël.
Pendant son service militaire il attrapa une laryngite tuberculeuse. Sa santé étant détruite, il pria disant “je sais que je suis perdu, mais Seigneur si tu es vraiment capable de me guérir, alors, je te donnerai ma vie”. En réponse à sa prière, le Seigneur a été merveilleux et l’a complètement guéri. Tout était devenu différent à présent, il allait au culte pour écouter la Parole de Dieu et il se convertit. Il rencontra une jeune fille de l’église, se fiança, se marièrent et se firent baptiser tous les deux. En janvier 1930 un missionnaire anglais M. Scott arriva au Havre. L’église locale s’agrandie et il fallut ouvrir une seconde église. Robert Morel en devint le responsable.
C’est au moment de ce réveil, qu’un cheminot et son épouse sont venus demander à Monsieur Morel s’il voulait bien venir à Argenteuil où ils demeuraient pour créer une Église. Monsieur Morel était déjà fort occupé avec une assemblée de 400 personnes sur place. C’est alors que Dieu se manifesta à lui dans un songe ! Il voyait le fronton de cette église et au loin Paris. Puis peu de temps après, il eut un second songe ! Il voyait la locomotive d’un train en gare du Havre ; les roues commencèrent à tourner avec cette inscription “le temps de ton départ est proche”.
Il comprit alors que c’était la volonté de Dieu et il décida de venir à Argenteuil. En Septembre 1932, Robert Morel, son épouse et sa fille âgée de 5 ans prirent le train en gare du Havre et arrivèrent donc à Argenteuil. Ils logèrent dans le petit pavillon du couple, à l’origine de leur venue, dans le sous-sol sans grand confort.
Les premières réunions eurent lieu dans une arrière salle de café dans le quartier d’Orgemont. Le seigneur bénissait et un petit groupe se forma, mais Monsieur Morel savait que ce n’était pas cet endroit que Dieu avait choisi pour annoncer l’Évangile. Alors il parcourut toutes les rues, en se promenant pour trouver l’église vue en songe ! Arrivé devant le 94 de la rue de Saint Germain (appelée peu après rue Henri Barbusse), il s’écria : c’est là !
Tout était fermé, abandonné. Le facteur qui passait par là lui donna l’adresse du propriétaire, qui demeurait en Normandie et qui accepta de lui louer tout le local. Ce fut une marche par la foi, car le bail signé chez le notaire, il n’avait plus d’argent, rien à manger et le pasteur Morel n’était pas salarié. Mais Dieu y pourvut. Cette grande salle avait été successivement un théâtre, un cinéma, puis un dancing. Robert Morel apprit plus tard, que ce lieu était historique, puisqu’il avait été un relais de poste du temps des carrosses qui s’arrêtaient là pour changer de chevaux.
Monsieur Morel annonça à ces premiers chrétiens qu’ils pouvaient maintenant se réunir dans la nouvelle salle. Les réunions avaient lieu tous les soirs, malgré le froid de l’hiver, car il gelait. Il fallut tout nettoyer, puis les chrétiens achetèrent les tuyaux et le charbon pour faire fonctionner un vieux “Godin” trouvé parmi le fouillis au fond de la cour. Chacun apportait son tabouret ou sa chaise pliante, mais qu’importe les difficultés, le Seigneur bénissait, guérissait et l’auditoire augmentait. Il fallut deux à trois mois pour rendre cet endroit plus accueillant.
Dieu continuait à pourvoir et un frère de l’église du Havre vint passer ses vacances à Argenteuil. Il était menuisier, aussi vint-il avec ses outils et il acheta du bois pour faire les bancs de l’église. Ils sont toujours en place. La famille Morel emménagea dans l’appartement délabré du premier étage. Mais après un grand nettoyage, il fut bon pour le service.
Dieu avait un plan pour cette ville, et avec ces bancs, tout était prêt pour recevoir un bel auditoire. Par le témoignage de plusieurs chrétiens, de nombreuses familles vinrent à la réunion d’évangélisation du soir. Le Seigneur parla à leur cœur et tout changeait pour eux. Dieu selon sa promesse bénissait, sauvait et guérissait. Il avait donné à son serviteur dès le début de son ministère un don de guérison. Des centaines de personnes ont pu en bénéficier et rendre gloire à Dieu pour la manifestation de son amour envers elles. Beaucoup revenaient le dimanche suivant au culte et à la réunion du soir. En mars 1933 plusieurs personnes furent baptisées, puis d’autres suivirent en grand nombre. C’était un début de réveil, et ce qui s’était passé au Havre, se passait maintenant à Argenteuil.
Il y avait de nombreux enfants qui se réunissaient à l’école du Jeudi. Le groupe de jeune se réunissait le dimanche après-midi. Le programme de la fête de Noël avait toujours lieu le 25 décembre en après-midi à l’église. La vie communautaire se poursuivait même pendant les grandes vacances à Bernières s/Mer en Normandie.
Puis vint la guerre en 1939. Monsieur Morel fut mobilisé. La prédication fut assurée parfois par un pasteur méthodiste très âgé, Monsieur Hocart. Puis Monsieur Morel fut démobilisé et rentra à Argenteuil. Les réunions reprirent aussitôt. Lors d’un culte un soldat allemand en uniforme entre et s’assoit dans l’église. A la fin du culte ce soldat s’avance vers le pasteur et lui dit dans un français hésitant “même esprit que vous”. C’était un frère, Merci Seigneur.
Un soir à la réunion de prière une sœur reçut une prophétie. “Mettez-vous sous ma protection dit le Seigneur !” Des chrétiens, voisin de l’église vinrent voir le pasteur Morel. Ils lui dirent Dieu nous a demandé de quitter notre maison. Le pasteur leur recommanda d’écouter la voix de Dieu et ils écoutèrent la voix du Seigneur, laissèrent leur maison aussitôt. Et en pleine nuit, la RAF bombarda les usines Dietrich Lorraine situées non loin et qui fabriquaient des roulements à billes pour le Reich. Une bombe tomba sur la maison des chrétiens proche de l’église et fit des dégâts à l’église même. Après la guerre des salles annexes furent ouvertes. L’église participa à de nombreuses conventions et grandissait dans le plan du Seigneur.
En 1971 après le départ auprès du Seigneur du pasteur Robert Morel, c’est tout naturellement que l’Église nomma Claude Dictus son gendre, pasteur titulaire. Il du faire un choix et laissa son travail pour commencer des études de théologie à Paris puis à Vaux-sur-Seine. L’Église fut restructurée, et de nouveaux statuts furent mis en place. Elle rejoint la Fédération des Églises Évangéliques Baptistes de France. Des grands travaux furent accomplis, car les murs de l’église avaient été fort ébranlés par les bombardements, pendant la guerre.
En 1993, notre frère Claude Dictus pris sa retraite et continua bénévolement son ministère jusqu’à la nomination d’un nouveau pasteur. Nicolaë Cioccan venant de l’Église Roumaine de l’Avenue du Maine devint le nouveau pasteur de l’Église de 1999, jusqu’en 2011.
Puis le pasteur T Thomas était en charge de l’Église pendant 3 ans et le pasteur Stéphane Guillet pendant 7 ans. Aujourd’hui, elle continue l’œuvre que le Seigneur lui a confiée pour Argenteuil : “faire connaître l’amour que Dieu nous a témoigné en Jésus-Christ et la bonne nouvelle de l’Évangile, un sauveur qui pardonne, et qui sauve” sous la direction du pasteur Moury.